la belle vibration

TANTRA & LOI DE L’ATTRACTION

[Ep. 8] Les pertes blanches : apprendre à aimer celles qui s’invitent dans nos culottes.

Il y a quelques jours, j’animais un cercle de parole autour de l’auto-observation de la vulve au love store Déboutonnées à Nancy (et j’en profite pour remercier toute l’équipe de ce sex-shop incroyable, inclusif, chaleureux, élégant…).

Pendant cet atelier, on a parlé de pleins de choses, et notamment des pertes blanches et du rapport très ambivalent que nous sommes nombreuses à avoir avec elles.

Alors, je me suis dit que c’etait le bon moment de faire un épisode sur ça !

  • Les pertes blanches, appelées aussi pertes vaginales, ou sécrétions vaginales, ou leuchorrées physiologiques, c’est quoi ?

Et bien figurez vous que la réponse à cette question n’est pas facile et qu’en menant l’enquête, j’ai trouvé plein de réponses différentes.
La recette des pertes blanches a l’air encore mieux gardée que celle du Coca Cola.

En croisant toutes les informations que j’ai répertoriées, voilà ce qui m’a semblé le plus cohérent.

Les pertes blanches, c’est un mix :

  • de glaire cervicale
  • de desquamation vaginale
  • de bactéries

Ces sécrétions sont produites par le vagin et l’utérus, puis coulent le long de la paroi du vagin pour venir tapisser nos culottes, si on en porte.

Entrons dans le détail :

1 – La glaire cervicale. C’est l’élément principal qui compose les pertes blanches. La glaire est produite par le col de l’utérus. Elle change de quantité, de couleur et de texture au fil du cycle menstruel, en lien direct avec les changements hormonaux.

2 – La desquamation vaginale : Le vagin est composé de cellules qui se renouvellent sans cesse naturellement, comme les cellules de la peau. Les vieilles cellules sont emportées vers la sortie du vagin et laissent la place à des cellules toutes neuves et toutes belles.

3 – les bactéries : Les bactéries de la flore vaginale sont des bactéries bénéfiques qui vont empêcher d’autres micro-organismes de provoquer des infections. Ce sont les gardes du corps de ta chatte.

A quoi servent les pertes blanches ?

  • à assurer un bon équilibre de la flore vaginale
  • à nettoyer le vagin
  • à le protéger des attaques bactériennes et à se débarrasser des germes qui auraient pu se développer dans le vagin
  • à créer un contexte favorable ou défavorable pour les spermatozoïdes (mais ça, on y reviendra tout à l’heure).

Donc, pendant cet atelier sur l’auto-observation de la vulve, on a parlé de pertes blanches et je me suis sentie moins seule. J’ai découvert que beaucoup de femmes avaient comme moi un sentiment de malaise et de honte face à la vision des pertes blanches dans leur culotte.

Alors, je me suis demandée : « Ca vient d’où cette honte et qu’est-ce qu’on peut faire pour la faire reculer (faire reculer la honte, tu l’auras compris, c’est ma grande mission) ? »

Déjà, je me suis dit que la société m’avait sans doute orientée dans cette désaffection des pertes blanches, comme le prouve l’existence du tristement célèbre « protège slip ».

C’est tout un concept, quand même, le protège slip. Comme si le slip avait besoin d’être protégé. Je peux comprendre les dispositifs de protections contre les attentas, les cambrioleurs ou les ouragans.

Mais protéger un slip ?… contre des pertes blanches ?

Mais protéger de quoi, au juste ?

Pour le savoir, il suffit d’aller à la source – Carrefour Market, rue du Faubourg des Trois Maisons, Nancy – et de regarder ce qui est écrit sur un pack de protège slip. Mon attention s’est portée au hasard sur le protège slip quotidien « Daily Style » conçu par Nana.
Sur la boîte, on lit : Nos protège-lingeries Nana Multistyle ont été spécialement conçus pour s’adapter à tous types de lingeries. Avec la technologie adaptative Courb-V™, ils s’ajustent à vos courbes et mouvements pour une expérience de confort maximal et de confiance toute la journée. »

D’accord, c’est bien, mais on ne sait toujours pas à quoi ça sert.

Ce paragraphe est suivi d’un laconique et expéditif « Absorption instantanée des pertes et des odeurs ».

Hop, fin du paragraphe explicatif. Voilà, ça sera tout, merci.

Quand je lis « Absorption instantanée des pertes et des odeurs », j’ai l’impression qu’on est entrain de me protéger d’une attaque surprise dans ma culotte. Le protège slip est là pour capturer immédiatement un truc très grave qui va chuter aléatoirement dans mon slip.

Je serais la victime potentielle de chutes du Niagara nauséabondes. Et ni ma culotte ni le monde qui m’entoure ne pourraient en supporter le choc humide et olfactif. HEUREUSEMENT, le protège slip est là pour sauver la situation avec son « Absorption instantanée des pertes et des odeurs ».

Alors, oui, je sais qu’il y a certaines femmes qui ont des pertes blanches hyper hyper abondantes et que ça peut pour elles créer de l’embarras et une vraie sensation d’être mouillée. Et pour ces femmes-là, c’est super que ce genre de solutions existent.

Enfin, j’imagine… D’ailleurs, avant de m’avancer, j’aimerais pouvoir interviewer pour Vulvées une femme qui a des pertes très abondantes. Donc si tu te reconnais et que tu as envie d’en parler, contacte moi sur Instagram !

Mais pour la majorité des femmes, je crois que les pertes blanches peuvent largement être reçues par une culotte sans que ce soit l’inondation.

Dans ce cas, quel est le souci ? Pourquoi aurait-on besoin de cette absorption immédiate ?

N’est-ce pas plutôt pour nous protéger de la honte et de la gêne de voir quelque chose dans notre culotte ? Une honte qui serait due au fait que les pertes blanches seraient un truc sale, anormal et embarrassant ?

Hier pendant l’atelier, on s’est rendues compte qu’on était plusieurs à porter cette honte. Et que le signe le plus clair de cet embarras était le talent qu’on avait développé pour faire disparaître notre culotte ou nos tangas le plus rapidement possible lors d’un rapport sexuel. Tu vois le truc ? Tu commences à te déshabiller, tu enlèves tes sous-vêtement, et de peur que ton ou ta partenaire tombe nez à nez sur tes traces de pertes blanches et face un AVC direct, tu fais une boule avec ta culotte et tu la balances le plus loin possible. Genre Ciao l’ami ! Hasta Siempre !

Beaucoup d’entre nous baignent dans cette croyance collective que c’est crado, et que c’est un phénomène chelou.

Phénomène d’autant plus chelou et ensorcelé qu’il a le pouvoir de décolorer le fond de nos culottes.

Petite parenthèse : pourquoi les pertes blanches peuvent entrainer la décoloration des sous-vêtements ?
Parce que les sécrétions vaginales ont la même acidité que le vin !

En fait, leur pH est bas, donc acide. Un pH neutre (ni acide, ni basique) se situe à 7. En l’occurrence, les sécrétions vaginales ont un pH qui tourne autour de 3,8 à 4,5. C’est-à-dire la même acidité que le vin ! Et c’et ça, qui décolore certains textiles.

Alors, oui, si le pack de protège-slip Nana me disait explicitement : « tu as payé ta culotte Aubade un bras, et tu n’as pas envie qu’elle soit décolorée par tes pertes, alors voilà une petite protection périodique qui va te permettre de préserver ce bien sur lequel tu as capitalisé et qui représentait 1/26 de ton salaire de l’époque. JE COMPRENDRAIS. Il y a bien des gens qui gardent le film plastique d’origine sur leur écran de téléphone ou sur leur télécommande de télé. DONC POURQUOI PAS !

Mais le pack Nana ne nous dit pas ça !

Il nous promet uniqueent une « absorption instantanée des pertes et odeurs ». Ce qui indique que ce qui nous gène dans les pertes blanches, ce n’est pas seulement leur apparence mais aussi leur odeur.

Et pourtant… nos sécrétions vaginales NORMALES et en bonne santé ont une légère odeur et c’est normal. Et ça peut être super de se familiariser avec.

D’ailleurs, est-ce que tu t’es déjà mis un doigt dans le vagin pour sentir ta propre odeur normale et la connaître ?

Tu te demandes peut-être « non merci ! pourquoi je ferais ça ? »

Pour une question d’amour de soi, d’abord. Parce que ça apprend à être réaliste et en paix avec l’odeur de son sexe. La vulve a une odeur normale de sexe. Et non, les pertes blanches ne sentent pas le shampoing, la lessive, le chocolat ou la fleur des champs. Et c’est normal.
Et cette odeur est quand même bonne. Savoir l’apprécier en se familiarisant avec elle, pouvoir dire « ha tiens, ça c’est l’odeur de ma chatte », c’est bon pour soi.

Par exemple, la couille sent la couille. Et personne (enfin je crois) n’attend d’une couille qu’elle sente le sablé à la noix de coco ou thé earl-grey.
Dans les supermarchés, on ne trouve pas de lingettes à couilles, pour que les hommes puissent se « rafraichir » les burnes avant un date. Alors que les lingettes de chatte, ça existe, et ça se vend bien.

Je ne dis pas ça du tout pour entrer dans un discours affirmant que les hommes sont privilégiés et que c’est super injuste. Mais plutôt pour nous laisser inspirées par les hommes et nous inviter à avoir avec nous-même la même décontraction par rapport à nos odeurs physiologiques.
Ca serait tellement bien qu’on arrête de se juger et de chercher à se transformer pour répondre à des standards fantasmatiques et irréalistes !

2- Au delà de cette dimension d’acceptation de soi et de ses odeurs, c’est importent de connaître l’odeur normale de ses pertes blanches pour des raisons de santé.

Parce que connaître l’odeur de son sexe en bonne santé, ça permet de savoir discerner ce qui est normal et ce qui ne l’est pas, et de détecter quelque chose d’anormal.

Parce que comme disait une participante à l’atelier d’hier, quand il s’agit de notre sexe il y a odeur et ODEUR. Et que si ton sexe se met à dégager une odeur très forte ou très chelou, c’est sa façon de te dire qu’il y a un problème et d’activer ton signal d’alarme.

De la même manière si tes pertes blanches commencent à changer radicalement de texture ou de couleur, ou à te démanger, ça peut-être le signe que quelque chose ne va pas. Ca peut être une mycose, une vaginose, une infection bactérienne, une infection sexuellement transmissible. Et ça mérite ton attention.

Moi je sens qu’en vous disant tout ça, j’ai déjà plus d’affection pour mes pertes blanches.

Et l’une des choses qui m’aide encore plus à les aimer et à leur faire une place, c’est de comprendre à quoi elles servent, et à quel point elles ont été installées là par la magie du corps.

Mieux connaître quelque chose, c’est apprendre à l’aimer.

Car non, la mission secrète des pertes blanches, ce n’est pas « servir à rien d’autre qu’à salir nos culottes « , mais d’être une merveille de la nature au service de la vie.

Comme, on l’a déjà dit plus tôt, les pertes blanches sont utiles pour auto-nettoyer le vagin, faire de la place pour les nouvelles cellules et maintenir un équilibre de bactéries.

Mais c’est aussi elles qui décident si les spermatozoïdes ont le droit de vivre ou de mourir.
Incroyable mais vrai : les pertes blanches sont l’empereur romain et la douane de la chatte.

L’apparence et la texture des pertes changent énormément tout au long du cycle. Et sais-tu pourquoi ? Pour les spermatozoïdes !

Je t’explique.

La glaire cervicale (qui est la composante principale des pertes blanches) joue un rôle clé dans la fertilité en favorisant la circulation des spermatozoïdes Ou en leur barrant carrément la route.
Elle empêche ou favorise le passage des spermatozoïdes vers le col de l’utérus.

En début de cycle, après les règles, la glaire est peu abondante, blanchâtre, « crémeuse », épaisse. Comme tu es en dehors de la période fertile, le rôle de la glaire est de protéger le col de l’utérus des bactéries, en le fermant “hermétiquement ».

A l’approche de l’ovulation (donc, le moment où tu es fertile), la glaire cervicale va augmenter en quantité et devenir plus fluide. Elle a une texture blanc d’oeuf cru transparente et filante. C’est à ce moment là que tu peux avoir une plus grande sensation d’humidité dans ta culotte. Cette fluidité va faciliter le chemin des spermatozoïdes jusqu’à l’utérus et les trompes.
La glaire cervicale présente un milieu parfaitement adapté aux spermatozoïdes :

  • elle facilite leur déplacement (pour les spermatozoides comme pour toi, c’est plus facile de nager dans une piscine que dans de la purée)
  • et elle les protége contre les germes et en leur apportant les différents nutriments dont ils ont besoin pour survivre jusqu’à 5 jours dans le col de l’utérus.
    Les pertes blanches, c’est carrément l’hôtel pension complète avec chauffeur, pour les spermatos.
    Lors de l’ovulation, la chatte* peut produire jusqu’à 30 fois plus de glaire, le pic étant atteint la veille ou le jour de la libération de l’ovule.

En phase post-ovulatoire, la glaire va devenir plus collante et épaisse, voire légérement jaune et empêcher la progression des spermatozoïdes.

Donc l’apparence de tes pertes blanches te renseigne sur là où tu en es sur ton cycle. Et c’est l’un des principes fondateurs de la symptothermie.

Tu imagines comme les spermatozoïdes du monde entier doivent vouer un culte aux pertes blanches ? Clairement, ils sont à des années lumière du discours « protégeons les slips contre l’affreuse glaire cervicale ». Mais plutôt « protégeons la glaire cervicale pour la survie des spermatozoides ». Sans elle, ils seraient cuits, les petits gars.

Ca y est, l’épisode touche à sa fin.

Pour conclure, je dirais : Souviens-toi que c’est NORMAL d’avoir des pertes blanches. C’est un phénomène 100% naturel qui en dit beaucoup sur ton corps, ton cycle menstruel, ta fertilité et ta santé.

Et tout comme les vulves sont uniques, les pertes blanches sont uniques pour chaque femme. Chaque femme a son « profil » de pertes blanches.
Il est tout à fait possible que tu aies des pertes blanches tout le temps et en quantité importante sans que cela soit dû à une quelconque infection.

En général, la meilleure façon de prendre soin de ta chatte* est d’apprendre à la connaître. Comprendre comment ta chatte* se sent tout au long de ton cycle et quels types et quantités de pertes elle produit te permettra de savoir quelles pertes sont normales et quelles pertes peuvent être l’indication d’un problème.

Pour être toujours mieux dans ta vulve !

💛💛💛

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