la belle vibration

TANTRA & LOI DE L’ATTRACTION

[Ep. 2] Histoires de vulve – Des récits où le sexe féminin dépasse l’enfantement et la sexualité.

 

J’ai deux filles de 5 et 7 ans, et j’ai la chance d’explorer les livres pour enfants.

Quand je feuillette des livres pour mes filles, à la bibliothèque ou à la librairie, je tombe toujours sur des histoires avec des personnages gigantesques ou minuscules, des géants aux énormes mains, des sorcières avec des nez crochus, des lutins aux petits pieds. IL y a des tonnes d’histoire avec des héros dont une particularité physique leur donne un pouvoir magique : des jeunes femmes à la chevelure qui guérit, des enfants dont les yeux voient à travers les murs, des oreilles qui entendent les plus lointains murmures.
Des créatures avec des attributs physiques forts qui donnent un sens à qui ils sont et à ce qu’ils font.

Et cela m’a fait penser, que quand j’étais enfant ou adolescente – et même encore aujourd’hui -, j’aurais bien aimé entendre des histoires dans lesquelles la vulve aurait tenu une place héroïque et remarquable.

Parce je n’ai jamais entendu parler d’héroïnes ou de créatures fantastiques remarquables pour leur vulves.

En même temps, j’admets n’avoir jamais entendu parler d’héros avec d’énormes bites. Ou même d’un personnage qui serait juste une bite. Et que je serais étonnée, en emmenant mes enfants à L’heure du Conte d’entendre l’animatrice dir : « Aujourd’hui les enfants, nous allons vous raconter l’histoire d’une grande bite qui se baladait dans la forêt ».

Néanmoins, l’existence d’un attribut sexuel masculin qui donne du sens à un récit, on l’apprend assez tôt.
Parce que très tôt, on RACONTE DES HISTOIRES OÙ IL EST QUESTION DE COUILLES.

On entend assez tôt parler de héros « très couillus », ou de « quelqu’un qui a eu des couilles ».

Et quand on parle « de couilles » dans ce contexte là, on ne prête pas aux couilles leur rôle dans la sexualité ou la reproduction. On en fait un attribut de courage, d’audace, d’affirmation de soi.

On peut aussi dire qu’on « s’en bat les couilles ». Et alors là, les couilles incarne l’indifférence, la liberté de choisir ce qui compte pour nous.

On peut dire « poser ses couilles » sur la table pour affirmer sa position, s’imposer, montrer qui commande.

Ou Se faire des couilles en or. Pour la chance et la fortune.

Ou être la couille molle pour la pleutrerie et le manque de courage.

A chaque fois qu’on parle de couilles ainsi, on ne voit pas des couilles entrain de copuler. Les couilles sont affranchies de leur rôle sexuel. Et on leur prête d’autres valeurs et d’autres talents.

On charge les couilles de vertus et de symboles.

Avec ces mots et ces expression, on libère le sexe des hommes de sa fonction sexuelle et reproductrice. On lui offre une portée symbolique, des qualités et des vertus supplémentaires. On lui offre un destin plus grand.

Le sexe des femmes lui, est limité à ses deux fonctions reconnues : le sexe et la naissance.

Parce que chaque fois qu’on en parle, c’est pour sa fonction sexuelle.

Et encore plus rarement pour sa fonction de reproduction. Même quand on parle de la naissance, on nomme très rarement qu’un enfant qui est sorti du sexe d’une femme, et que le sexe des femmes est quand même la porte d’entrée dans ce monde. On dit plutôt qu’il est sorti de son ventre, ce qui est INEXACT (sauf en cas de césarienne)

Comme si on ne pouvait pas parler du sexe des femmes sans parler de sexualité ou sans être obscène. Et comme si, hors du champ de la sexualité, le sexe des femmes n’existait pas.

C’est tellement étroit comme perspective.

Bien sur, la sexualité et la reproduction peuvent être merveilleux, réels et essentiels, mais le sexe des femmes est plus que ça.

Il a d’autres vocations pour nos sexes que celle de la sexualité et de la naissance

Et je crois que c’est un enjeu immense de redonner au sexe des femmes, un droit d’exister beaucoup plus vaste que le champ de la génitalité ou de l’érotisme

Imaginez par exemple que le sexe des femmes soit AUSSI associé à la créativité, à la vitalité et à la joie.

Comme les couilles des hommes sont aussi associées au courage, à la détermination et à la bonne fortune.

On a besoin de raconter ça et de retrouver ça.

Alors, j’ai cherché des histoires qui parlent du pouvoir des vulves, et j’ai trouvé des histoires.

BAUBO

Par exemple, il y a le personnage de Baubo dans la mythologie grecque.
L’histoire est la suivante.

Perséphone est la fille de Zeus et de la déesse Déméter, déesse de la fertilité et des moissons. C’est une magnifique jeune fille qui est élevée

Hadès, le dieu des enfants tombe amoureux d’elle, et c’est la base dans la mythologie grecque, l’enlève et l’emmène au Royaume des Morts

Sa mère Déméter est désespérée. Elle pleure, cesse de se nourrir, refuse de boire, néglige les récoltes qui périssent et plonge le monde dans une douleur telle le monde dans une douleur telle que plus rien ne pousse ni ne germe désormais. Tout est pétrifié et stérilisé.

Un jour, sa servante Baubo, se plaça devant elle, souleva ses jupes et exhiba sa propre vulve.

Surprise par ce spectacle inattendu, Déméter y trouve une soudaine consolation et se met à rire et à sourire en son coeur.
Elle sort de sa dépression. Elle se remet à boire et à manger et récupére le désir et envie de vivre

La vulve est alors présentée comme le plus grand des anti-dépresseurs, capable de consoler un être en proie au plus profond des chagrins et de le ramener à la vie.

Baubo montre à Démeter le chemin de l’énergie de vie.
La vulve bénéfique qui attire notre regard et nous détourne, au moins pour quelques instants, de notre tristesse, de nos angoisses et des malheurs auxquels nous pouvons être confrontés.
cette source de vie quasi-intarissable qu’est le sexe de la femme.

Elle rappelle aux femmes en deuil que la mort d’un enfant n’empêchera jamais les suivants de naître. Baubo rappelle à la déesse la puissance féminine que représente la vulve, promesse de maternités futures.
Elle montre le pouvoir de la solidarité entre femmes et du soutien que nous pouvons nous offrir les unes aux autres.

Par extension, on appelle « Baubo » les nombreuses statues en terre cuite retrouvées autour de la Méditerranée représentant une femme jambes écartées, genoux repliés, au sexe clairement dessiné.

J’aimerais tellement en avoir une, d’ailleurs.

Cette vue du vagin, qui console et réjouit les dieux n’est pas qu’une fantaisie grecque.

Les anciennes tombes des notables Banhar de Kon Tum, au Vietnam, sont ornées de statuettes exhibitionnistes, chargées de réconforter les parents du défunt.

Il existe un mythe japonais mystérieusement identique à celui de Baubo dans lequel la déesse-soleil Amaterasu, en colère, prive le monde de lumière jusqu’à ce qu’une déesse, Ame No Uzume, fasse rire le ciel par la grâce de son vagin subitement révélé.

Dans l’Egypte antique, Le dieu du Soleil, Rê, donne parfois quelques signes de faiblesse ; ce qui met en danger l’humanité tout entière, car le Soleil est la lumière du monde.

Heureusement, la déesse Hathor, incarnation de la joie et de l’érotisme, dévoilant sa vulve. Alors le Soleil éclate d’un rire puissant et fécond qui lui permet de retrouver tout son rayonnement.
Encore une vulve bénéfique.

La vulve a le pouvoir de faire fuir la tristesse, et elle a aussi d’autres dons : elle peut aussi faire fuir les démons.

En Irlande et dans les îles anglaises, on peut voir sur le fronton des églises des Sheela Na Gig, desstatues de femmes au sexe exagéré qui tiennent les bords de leur vulve à deux mains et l’ouvrent comme s’il s’agissait d’une grotte… Elles ont le pouvoir dit-on de faire fuir les démons.

Sans Pantagruel de Rabelais la femme de Papefiguière fait fuir le diable en soulevant sa robe (Pantagruel, Le Quart Livre, XLVII).

Cette histoire inspira également Jean de La Fontaine : dans son conte, « Le Diable de Papefiguière », une paysanne nommée Perrette affole un démon en exhibant la « balafre » qui parcourt le creux de ses cuisses.

Ce côté facétieux, libre et joyeux de la vulve, on le retrouve aussi dans les histoire de vagin qui parle.

Les vagins parlants sont un thème précoce de la littérature française, notamment dans le fabliau du XIIIe siècle Le Chevalier qui faisait parler les cons et les culs[1][4] et dans Les bijoux indiscrets, le premier roman de Denis Diderot.

« Un vagin qui découvre soudainement la capacité de parler – par exemple à cause d’un sortilège – et, raconte les détails intimes et tout ce qu’il sait sur les amants qu’il a rencontré.

Et pour retrouver plus de sacralité, on peut aller en Inde où le sexe des femmes est un symbole divin. En Inde, on voit partout des yonis : des sculptures en forme de « vulve, principe de toute création », Dans l’hindouisme, la yoni est considérée comme le siège de l’énergie de vie, la puissance créatrice, le symbole de l’énergie féminine dénommée shakti.

J’adore parce que toutes ces histoires nous propose une histoire plus grande !
Où le sexe des femmes n’est là PAS QUE POUR LE SEXE, PAS QUE POUR L’ENFANTEMENT, alors pourquoi ?

Pour la créativité
Pour l’énergie de vie
Pour le mouvement
Pour le rire
Pour la joie
Pour l’impertinence
Pour le bonheur

Ces histoires et ces personnages avec leur vulve nous montre qu’avec notre sexe, nous avons un immense pouvoir de vitalité et de joie.

«Regarde-toi, tu es un être de chair. Tu as un sexe. Tu as le pouvoir de jouir et de donner la vie».

Et imaginez si ces histoires pouvaient passer dans le langage courant aussi simplement qu’avoir des couilles.

Et qu’on pourrait dire à ses amies : « Tu as un coup de déprime ma chérie ? Allez, viens on va boire un verre et je vais te revulver le moral ».

💛💛💛

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