la belle vibration

TANTRA & LOI DE L’ATTRACTION

[Ep. 16] Pourquoi j’ai créé Vulvées, une certaine vision de l’intimité et de la sincérité

C’est une drôle d’histoire en fait. Et pourtant c’est une histoire vraie.

En mars dernier, j’étais à un stage de tantra de femmes qui durait pendant tout un week-end. Et le vendredi soir quand je suis arrivée au stage, ma vulve a commencé à me faire mal.
Le lendemain matin, quand je me suis réveillée elle avait triplé de volume et elle était rouge fluo.

Ce genre de manifestation vulvaire ne m’était jamais arrivé auparavant. En revanche, depuis longtemps j’ai l’habitude qu’à mon corps me passe des messages à travers des inconforts ou des maux. Alors, j’ai su que ma chatte avait quelque chose à me dire et qu’elle avait choisi son timing. J’étais dans l’endroit idéal pour l’écouter.

En traversant le stage avec une démarche de canard, j’ai commencé à demander à ma vulve « qu’est-ce que tu veux ? Qu’est ce qu’il se passe ? Qu’as tu à me dire ? ». Et pratique après pratique, je n’entendais pas de réponse. Et j’avais mal.

J’en parlais aux femmes qui vivaient le stage avec moi, et à l’organisatrice du stage. Et toutes me répondaient « ha bizarre » sans autre commentaire, comme si, sur ce coup là, il était nécessaire que je trouve la réponse par moi-même, et que je ne pouvais pas jouer la carte joker « faites appel à une amie ».

Et puis le dimanche matin, il y a eu une méditation en mouvement, et là, ma vulve m’a dit « JE VEUX UN PODCAST ! ».

Aussi cash et clairement que ça, comme une réclamation annoncée dans un mégaphone.

Et moi, je m’attendais à tout sauf à ça ! Alors je lui ai dit « de quoi ? HEIN ? comment ? »

Et elle a redit : « Je veux un podcast ! Oui, oui, oui ! Un podcast ! ». Et je sentais que dans cette annonce et dans cette demande, il y avait de la joie, de l’évidence, de la légèreté, de la profondeur, de l’amour, de la justesse.

Et moi, je me disais « mais c’est quoi ce délire ? » Un podcast sur la vulve ? Et sur MA vulve ? Ca n’a aucun sens. Et depuis quand les parties de mon anatomie peuvent réclamer des podcasts ? »

J’ai commencé à négocier avec elle, je lui ai dit que j’étais la dernière personne légitime pour parler de vulves, que j’avais passé des années à la mépriser, la juger, et l’utiliser. Que je n’arrivais toujours pas à la trouver jolie. Qu’elle ne m’inspirait rien de particulier. Que dans les grandes lignes, j’étais plutôt en galère avec elle qu’en célébration.

Et elle m’a dit « justement ».

« Justement » pour moi-même. Que ce podcast allait nous aider à nous réconcilier, à avancer, à nous aimer. Un peu comme une thérapie de couple entre elle et moi, qu’on aller ensemble. Et qui me permettrait de mettre de l’attention, de la tendresse et de la conscience vers elle, et dans ce qui nous unit. Que grâce à cela, j’allais apprendre à voir et à me relier à sa beauté.

Et « Justement » pour celles et ceux qui pourraient nous écouter. Parce que le cadeau que je pouvais offrir au monde résidait précisément dans mon sentiment d’illégitimité et mon impossibilité à me placer en surplomb. Mon ignorance et mes questionnement me permettait de me placer exactement à égalité avec toutes celles qui cherchent, qui s’interrogent, qui ont envie de plus d’amour avec leurs vulves.

Je ne suis arrivée nulle part, je ne suis pas mieux ou plus avancée que vous, peut-être même moins que vous à pleins d’endroits, et je n’ai rien à vous enseigner. Mais je peux cheminer avec vous et vous pouvez cheminer avec moi. On peut être ensemble et ça c’est magique.

J’ai senti qu’à un moment, ma vulve avait de meilleurs arguments que mon mental et mes résistances ont lâché . J’ai dit à ma vulve « oui d’accord. Ok pour le podcast ». Et dans l’heure qui a suivi, mon sexe a complètement dégonflé et la couleur rouge écarlate a disparu.

C’est génial non ? Dès le début de l’aventure, elle me montrait qu’elle recèle d’une magie qui me dépasse complètement. Même si je reconnais que ses méthodes sont un peu radicales.

Ma vulve s’était peut-être mise d’accord avec d’autres parts de moi qui avaient envie de guérison, comme une association secrète intérieure. Car évidemment, faire ce podcast, c’était aussi aller à la rencontre de l’une de mes plus grandes peur : la peur de parler. D’attirer par ma parole les jugements, le mépris, la moquerie.

La peur que « si je parle de vulves et d’intimité, je vais me mettre en danger. Je risque d’attirer l’attention de gros relous, des haters et des abuseurs. J’ai peur d’avoir des problèmes. J’ai peur de ceux qui pourraient porter un intérêt malsain à mon intimité ».

Mais en fait, à quoi ressemblerait ma vie si je me laissais diriger par cette peur ? Je prendrais volontairement le pli d’une vie de souris, une vie de petitesse de silence et de cachette et d’effroi, à m’imaginer proie.

D’abord, il y a eu mon esthéticienne pour me rassurer. Elle m’a dit « de toute façon, les hommes ne s’intéressent qu’à leur kiki. Donc si tu ne parles pas de leur engin, il y a peu de chance que tu les intéresses. » Et je crois que dans l’éclat de rire qui a suivi, j’ai senti la fraîcheur d’une part de vérité. Il n’y a pas beaucoup d’hommes qui écoutent Vulvées ou se sentent concernés par le sujet, et ceux qui écoutent ne sont sans doute pas ceux que je redoute.

Et puis, une autre personne qui m’a aidée et l’auteure afroféministe Audre Lorde qui a écrit un livre qui s’appelle « Your silence won’t protect you ». Elle a aussi écrit un texte court de 10 pages traduit en français dont je vous mettrai le lien en bio. Ca s’appelle « transformer le silence en paroles et en actes »

Elle y écrit :

Mes silences ne m’’avaient pas protégée.
Votre silence ne vous protégera pas non plus. Mais
à chaque vraie parole exprimée, à chacune de mes
tentatives pour dire ces vérités que je ne cesse de
poursuivre, je suis entrée en contact avec d’autres
femmes, et, ensemble, nous avons recherché des
paroles s’accordant au monde auquel nous croyons
toutes, construisant un pont entre nos différences.
Et ce sont l’intérêt et le soutien de toutes ces femmes
qui m’ont donné de la force, et permis de questionner
les fondements mêmes de ma vie.
Quels sont les mots qui vous manquent encore ?
Qu’avez- vous besoin de dire ?

il est primordial, pour
nous toutes, de montrer l’exemple en vivant et en
nommant ces vérités auxquelles nous croyons, et
que nous détenons au-delà de notre entendement.
C’est seulement ainsi que nous pourrons survivre, en
prenant part à ce processus vital, créatif et continu,
et qui s’appelle grandir.

Ses mots me réconfortent et m’inspirent. Me donnent le courage de sortir de ma cachette pour donner vie et espoir à autre chose : de la radiance, de la confiance, de la l’expression, bien que celles-ci coexistent avec de la vulnérabilité et de la peur. Une peur qui sans disparaitre tout à fait, ne m’engloutit pas pour autant.

Et puis, plus je grandis en honnêteté avec ce que je suis et ce qui m’anime, plus l’envie de créer ce podcast devient forte et puissante et pressante.

Parce que j’avoue : j’ai toujours adoré parler de l’intime. J’ai toujours été en quête des personnes avec qui on peut parler vraiment de tout et qui n’ont aucun malaise à livrer ou recevoir des choses très personnelles.
Les personnes qui partagent avec candeur et fraîcheur des choses un peu trop de leur monde intérieur, qui se soucient un peu trop tard de la bienséance, et qui se demandent souvent après avoir parlé « est-ce que j’en ai trop dit ? Surement, ouais. et puis, tant pis ».

Ces personnes – crues indécentes et véritables – sont celles qui me stimulent, m’inspirent et m’enthousiasment le plus. Celles qui ne peuvent pas s’empêcher de montrer leur réalité et ce qui vit dans leur monde, pas par provocation, mais par urgence profonde de l’authenticité et de la vérité.

J’aime les personnes qui normalisent la parole de l’intime, font tomber les murailles de ce qui peut se dire et ce qui ne peut pas se dire, avec qui et comment, ce qui serait secret ou public.

Les personnes qui accueillent avec enthousiasme ce qui leur est confié et qui voient le trésor et la beauté de se voir offrir par autrui ce qu’il a de plus vrai et de plus spontané en lui.

Je vois bien que tout le monde n’est pas dans ce désir d’une parole totale, et je le respecte. Je sens que pour certaines personnes, ma façon de parler et ma quête de l’intime est trop intense, voire peut-être même invasive.
Tout le monde n’a pas envie de parler de vulves, par exemple, ou d’entrer dans la sincérité brute de mon univers, qu’il soit physique ou émotionnel.

Je peux te donner un exemple tout simple et naïf. Quand je vais en stage de tantra et que je dis aux personnes avec qui je partage ma chambre, que je suis désolée, mais qu’être dans un groupe de personnes que je ne connais pas, ça me stresse tellement ça me donne envie de pêter. Je vois dans leur regard une hésitation entre « c’est génial d’être aussi honnête, mais c’est un peu trop quand même ».

Bien sûr, j’ai envie de respecter ces personnes et de ne pas les embarquer de force dans ma passion pour l’intime.
Et en même temps, j’ai envie de respecter mon élan vers ce qui est important pour moi. Avec Vulvées, j’ai voulu me faire un cadeau et créer un espace à moi où je peux exprimer sans rougir cet enthousiasme qui est le mien et parler en mon nom.

Ici, je peux, sans forcer personne, raconter cette réalité qui est la mienne où ma vulve me parle en enflant parce qu’elle veut son podcast.

Et peut-être si tout va bien et que la magie est présente, mes confidences peuvent être reçues par des personnes que ça inspire aussi. Peut-être que quelques uns et quelques unes entrent en résonance avec qui je suis quand je suis réelle, sincère et authentiquement moi.

Peut-être qu’ensemble, on peut créer la famille ponctuelle et mouvante de celles et ceux qui partagent trop d’informations, qui ont envie de parler de vulves librement, qui ont envie d’apprendre à les aimer.

Et puis aussi, Vulvées est devenu le prétexte parfait pour rencontrer les personnes qui m’inspirent avec qui j’avais envie d’échanger.

Leur poser les questions que j’avais envie de leur poser et passer la porte de leur univers.

Avec les personnes que j’interviewe, je sens ce privilège de passer un temps de qualité et de sincérité, comme j’aime le faire avec des ami.es.. Grâce au podcast, je me sens légitime d’arriver dans leur DM avec un « hey salut, ça te dit qu’on discute ? ». Et c’est une chance immense de pouvoir vivre ces rencontres.

Et à chaque fois, ma vulve me dit « tu vois, je t’avais dit que ce serait passionnant » !

Voilà, vous savez toute l’histoire. Je vous remercie de tout mon coeur d’être là, d’écouter, de voyager dans mes idées, d’entrer dans ma résonance. Je me sens très touchée de vous imaginer avec vos écouteurs, dans votre voiture, dans votre bain, dans le métro, dans votre salon. Merci.

Et pour finir, j’ai envie de vous offrir ce magnifique texte de Gérard Leleu sur lequel je suis tombée aujourd’hui :

L’intimité, ce n’est pas seulement se blottir nu ou non dans les bras de quelqu’un pour se dorloter, faire l’amour ou s’endormir.
Ce n’est pas non plus entrouvrir son cœur pour échanger quelques propos sentimentaux.
L’intimité, c’est laisser l’autre accéder à la partie la plus profonde, la plus authentique et donc la plus précieuse de soi-même: sa vie intérieure. C’est se montrer tel que l’on est, avec ses forces et ses faiblesses, ses beautés et ses laideurs.
C’est exprimer ses émotions, ses aspirations, ses appréhensions.
L’intimité, c’est cesser de faire semblant d’être autre chose que ce que l’on est, cesser de dissimuler ce que l’on croit méprisable.
C’est donc prendre le risque d’être incompris, méprisé, rejeté au risque de rouvrir les blessures d’alors et de se voir infliger de nouvelles plaies.
Il faut, pour braver la peur de l’intimité, se faire confiance autant qu’avoir confiance en l’autre.

J’ai confiance en vous.

💛💛💛

Retrouvez toutes les retranscriptions des épisodes de Vulvées ici :
https://www.labellevibration.com/category/podcast-vulvees/

Retrouvez tous les épisodes de Vulvées sur Spotify et Apple Podcast et sur Acast

Et si vous avez envie d’en savoir plus ou de m’envoyer un commentaire, contactez-moi !